Radicalisation de la rue

Hostiles aux islamistes, ils conçoivent la violence comme une arme politique.

Il a troqué son béret vert à la Che Guevara contre un uniforme noir. À part sa voix, rauque et métallique, Mohammed al-Masri est méconnaissable. Accoudé à l'une des rambardes de la place Tahrir, «sa» seconde maison, le jeune insoumis marque une pause entre deux «opérations». Le visage masqué, ses compères glanent quelques consignes avant de filer tête baissée vers la Corniche, leur nouveau terrain de bataille contre les forces de l'ordre. À 21 ans, Mohammed «l'Égyptien» - c'est la signification de son pseudonyme - est l'un des meneurs des Black Blocs. Ces révolutionnaires de l'an III, tout droit inspirés des mouvements anarchistes européens, ont mis le feu, la veille, à un véhicule de police. Un nouveau «fait d'armes» qui s'ajoute au saccage, ce week-end, du bureau du site Internet des Frères musulmans et à l'attaque de l'antenne du parti Liberté et Justice, la branche politique de la Confrérie, dans la ville d'Ismaïlia - et qui illustre le climat d'anarchie rampante qui flotte aujourd'hui au Caire.

Le Figaro 29/1/2013