A chacun son tour de se réjouir… Dans un premier temps, c’est toute l’intelligentsia politiquement correct qui s’étouffait presque de bonheur en pensant avoir enfin trouvé le « Breivik français » qui allait lui permettre de déverser son fiel bien pensant sur tout ce qui ressemblait, de près ou de loin, à un « facho » ou assimilé. Mais ensuite, après la révélation de l’identité réelle du tueur de Montauban et Toulouse, se fût au tour des dits « fachos » de sauter de joie et de se pourlécher les babines avec gourmandise et contentement avant de déverser leur hargne sur la « lèpre islamique » et s’alarmer de la « sécurité nationale ». Amalgame contre amalgame, simplification contre simplification, communication contre communication, instrumentalisation contre instrumentalisation…

Certes d’un côté il y a les grandes orgues de la toute puissance politico-médiatique et de l’autre les petits moyens de la dissidence et de la marginalité, mais le traitement sur le fond est identique. Dans les deux cas on sur-interprète et on surcharge symboliquement et politiquement un fait divers qui n’est que cela, si tragique et sanglant soit-il. Dans les deux cas l’empathie pour les victimes n’est qu’une vitrine factice masquant les intentions idéologiques et les manipulations politiques. Dans les deux cas, on joue, simplement en négatif, le même jeu, la même comédie que l’adversaire.

Tu m’as diffamé et diabolisé la dernière fois, je te diffame et te diabolise cette fois-ci ! D’ailleurs, c’est trop souvent notre tour pour se priver d’une telle occasion ! Et pour le futur, il ne reste qu’à prier pour que le décor du drame et la nature de ses acteurs aillent dans le bon sens… Sinon on devra se contenter de reprendre la posture et les oripeaux des victimes et pleurnicher sur les « raccourcis », les « mensonges » et les « amalgames » dont nous sommes aujourd’hui victimes après les avoir si brillamment maniés hier.

Encore une fois, la politique qui ne se base pas sur des principes intangibles mais sur un soi-disant « pragmatisme » variant en fonction des circonstances et des origines des protagonistes montre son hypocrisie, son incohérence et au final sa nullité.

Car lorsque l’on fait du drame de Toulouse le symbole ou la « preuve » d’une islamisation radicale de la France et de la nature « intrinsèquement dangereuse » de l’Islam, on se baigne dans les mêmes eaux crapoteuses qu’un Monteboug faisant de Breivik le révélateur de la nature criminogène de tout nationalisme ou du gouvernement Monti s’emparant de la tuerie de Florence pour dénoncer un fantasmatique renouveau de la « terreur fasciste ». En instrumentalisant un fait divers, en refusant de l’analyser froidement et de le mettre en perspective, en jouant sur le sensationnalisme et le spectaculaire, on exacerbe les peurs et les ressentiments inter-communautaires et on endosse le rôle misérable de vautours et de croquemitaines au seul et unique bénéfice du système et de son appareil de contrôle et de répression.

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