On ne règne pas innocemment. Et plus on occupe une place au sommet de la société, plus les mains sont couvertes du sang des pauvres. La philanthropie des hommes d’État et leur abnégation a le visage de la mort des peuples. On ne tient pas dans ses mains la puissance de destruction et d'oppression de l'État sans en faire un certain usage. Ils bombardent les peuples avec des bombes faites de déchets nucléaires et nous parlent le langage maintenant spécialisé de l'humanitaire. Ils fabriquent les guerres mais leur sourire est policé et leur costume est bien mis. Ils sont propres en apparence et plus ils réussissent le perfectionnement de leur image, plus ils commettent de crimes impunément.

Sophie Herszkowicz, Griefs d'une femme, Sulliver, 2000.