J’ai pleuré toute les larmes de mon corps

Pendant la sombre matinée

Car le soleil brillait par les étroites fenêtres

Et je me languissais des bois sauvages

Le miel de la vie était gâché par les épines du monde

Et midi, plein comme le tonnerre et muet comme la pensée

Me faisait ravaler un silence endormi

Le soleil, comme une blessure a vif découvrait le ciel,

Poignardé, agonisant au dessus du monde,

Sanglant immense et souillé.

Voila qui vous arrache le cœur

Qui vous l’arrache avec ses longues racines

Et chaque oiseau est une figure solitaire

Qui traverse un ciel qui ressemble a une bataille

C’est le trophée du romanesque

Le romanesque qui est passion

Obscur dangereux et arrogant

La mort c’est la vie

Et c’est vivre qui est sans vie

C’est un pays de larmes

Ou se répète un rêve obstiné

Seul,

Au milieu de la grappe humaine

Perdu dans le dédale des pierres

Ou flotte un air de détresse profonde

Voici le salut d’un matin sombre !

La route est vide et désolée

Pour qui flâne seul en son enfer

Je me suis plongée dans la lecture des poètes

Dans l’abime sans fond de leur douleur

Mais quelque part

Au creux de ma poitrine

Un minuscule oiseau a commencé a chanter :

« Il faut sortir de cet enfer »

Partir !

Au Galop !

Dans la beauté étrange et fiévreuse

Renaitre a la vie dans une explosion de feuilles

Et de fleurs

Je hais le monde

Je préfère un méchant paysage de colline

Ou deux lacs reflètent le ciel

Pour regoûter la joie

D’être empreint aux visions et aux rêves

Devant un fleuve noir

Ou les arbres perdent leurs feuilles

Comme de brulants sanglots

En forme de sept grands candélabres

Le silence ici aura un rythme violent

Car les fleurs parlent à voix basse

Je hais le monde ! Je hais les gens !

Qu’on m’entende !

Et je partirai…

Par la voix du soleil et de la lune saisonnière

Par la voix des feuilles que les arbres perdent

Et celles des poissons qui nagent dans les eaux couleurs d’olive !

Par la voix des pierres et le gouvernail oiseaux !

La colère des épines et les cœurs blessés !

Les andouillers de cerf et la courbure des cotes !

Le pain ! Les larmes et les aiguilles !

Par la voix errante des galets et le froid silence des marais

Les nuages insurgés

Le jeune coq et le ver !

Par les voix qui s’éraillent la nuit dans les poumons du granit

Les poumons de l’air qui hantent tous les instants de tous les jours

La route est vide et désolée

Pour qui flâne seul en son enfer

J’ai rêvé dans les noires alcôves

J’ai rêvé dans l’air bleu des choses

Et dans le tronc des arbres creux

Tous le monde est fou

Sauf les rivières, les nuages

Et quelques lapins

Je pars !

Monde étrange de rêves et de larmes

Je pars !

Seule, simple et seule

La-bas sur les collines basses

Dans un monde couleur de suif

D’une terrifiante beauté

Dans la gueule du ciel !

Sentir le cœur de la terre qui trésaille d’amour

Ou les oiseaux ne pleurent pas

L’étoile va briller soudain

Comme une pointe de feu

La saison froide cessera de pleurer

La pénombre d’un monde sinistre, du passé

C’est hurlant de vérité, n’est ce pas ?

Dites-le moi, mes arbres

Dites-le moi, mes rochers

Je serai votre sentinelle pour toujours

Je serai grand rôdeur de crépuscule

J’apprendrai à siffler les oiseaux du ciel

Et Le secret du silence

A observer les saisons qui passent

Et le bruit des gosiers de plumes

Je veux sentir le baiser brulant du soleil