Hommage a Mervyn Peake
J’ai pleuré toute les larmes de mon corps
Pendant la sombre matinée
Car le soleil brillait par les étroites fenêtres
Et je me languissais des bois sauvages
Le miel de la vie était gâché par les épines du monde
Et midi, plein comme le tonnerre et muet comme la pensée
Me faisait ravaler un silence endormi
Le soleil, comme une blessure a vif découvrait le ciel,
Poignardé, agonisant au dessus du monde,
Sanglant immense et souillé.
Voila qui vous arrache le cœur
Qui vous l’arrache avec ses longues racines
Et chaque oiseau est une figure solitaire
Qui traverse un ciel qui ressemble a une bataille
C’est le trophée du romanesque
Le romanesque qui est passion
Obscur dangereux et arrogant
La mort c’est la vie
Et c’est vivre qui est sans vie
C’est un pays de larmes
Ou se répète un rêve obstiné
Seul,
Au milieu de la grappe humaine
Perdu dans le dédale des pierres
Ou flotte un air de détresse profonde
Voici le salut d’un matin sombre !
La route est vide et désolée
Pour qui flâne seul en son enfer
Je me suis plongée dans la lecture des poètes
Dans l’abime sans fond de leur douleur
Mais quelque part
Au creux de ma poitrine
Un minuscule oiseau a commencé a chanter :
« Il faut sortir de cet enfer »
Partir !
Au Galop !
Dans la beauté étrange et fiévreuse
Renaitre a la vie dans une explosion de feuilles
Et de fleurs
Je hais le monde
Je préfère un méchant paysage de colline
Ou deux lacs reflètent le ciel
Pour regoûter la joie
D’être empreint aux visions et aux rêves
Devant un fleuve noir
Ou les arbres perdent leurs feuilles
Comme de brulants sanglots
En forme de sept grands candélabres
Le silence ici aura un rythme violent
Car les fleurs parlent à voix basse
Je hais le monde ! Je hais les gens !
Qu’on m’entende !
Et je partirai…
Par la voix du soleil et de la lune saisonnière
Par la voix des feuilles que les arbres perdent
Et celles des poissons qui nagent dans les eaux couleurs d’olive !
Par la voix des pierres et le gouvernail oiseaux !
La colère des épines et les cœurs blessés !
Les andouillers de cerf et la courbure des cotes !
Le pain ! Les larmes et les aiguilles !
Par la voix errante des galets et le froid silence des marais
Les nuages insurgés
Le jeune coq et le ver !
Par les voix qui s’éraillent la nuit dans les poumons du granit
Les poumons de l’air qui hantent tous les instants de tous les jours
La route est vide et désolée
Pour qui flâne seul en son enfer
J’ai rêvé dans les noires alcôves
J’ai rêvé dans l’air bleu des choses
Et dans le tronc des arbres creux
Tous le monde est fou
Sauf les rivières, les nuages
Et quelques lapins
Je pars !
Monde étrange de rêves et de larmes
Je pars !
Seule, simple et seule
La-bas sur les collines basses
Dans un monde couleur de suif
D’une terrifiante beauté
Dans la gueule du ciel !
Sentir le cœur de la terre qui trésaille d’amour
Ou les oiseaux ne pleurent pas
L’étoile va briller soudain
Comme une pointe de feu
La saison froide cessera de pleurer
La pénombre d’un monde sinistre, du passé
C’est hurlant de vérité, n’est ce pas ?
Dites-le moi, mes arbres
Dites-le moi, mes rochers
Je serai votre sentinelle pour toujours
Je serai grand rôdeur de crépuscule
J’apprendrai à siffler les oiseaux du ciel
Et Le secret du silence
A observer les saisons qui passent
Et le bruit des gosiers de plumes
Je veux sentir le baiser brulant du soleil