Une lumière crépusculaire jette ses feux derniers sur le monde vieilli n’épargnant plus aucun rivage : celle de la tyrannie de l’homme « centre et mesure de toutes choses » qui s’érige unique origine – et non Dieu – des valeurs et s’assujettit la nature entière comme une terre soumise, disponible pour lui le Maître, le SUR-HOMME enfin libre. « Liberté » acquise par le rejet de Dieu (« Dieu est mort ») et de toute transcendance, vérité ou valeur divines. En cette époque nôtre, tout obstacle est levé pour le déploiement de ce que Nietzsche appelle la « Volonté de puissance » et la volonté de domination de l’homme pour la consommation et l’usure qui ne connaît plus de limites.

Le triomphe, en l’homme auto-divinisé, de la puissance, s’accomplit présentement dans le règne de la technique où tout est soumis à l’ordre du calculable et du consommable. Ce règne est imposé par l’homme, non seulement à la terre et aux extrémités du ciel, mais aussi à lui-même, sommé qu’il est d’être à son tour un objet rentable et productif. Cette logique de la domination, de la maîtrise et du progrès, exige que toute croyance en Dieu, en une essence spirituelle de l’homme, en un destin éternel de l’être soit abolie ; qu’il n’y ait pas d’autre horizon que cette vie, en laquelle seule se réalise la vocation humaine – bref, que toute éthique divino-humaine soit anéantie au profit d’un humanisme sans transcendance. Tel est le nihilisme achevé et sa douleur la plus extrême.

Saint Justin Popovic. L'homme et le Dieu-homme.